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8 mars : journée internationale des droits des femmes

Aujourd’hui c’est dimanche et comme tous les dimanches c’est le jour de ma playlist idéale.
Mais aujourd’hui est un dimanche particulier car nous sommes le dimanche 8 mars et c’est la journée internationale des droits des femmes.

La date du 8 mars a été officialisé en 1977 par les Nation Unie reprenant ainsi celle choisie par Lénine en 1921 rendant  hommage aux femmes russes qui manifestèrent le 8 mars 1917 à Petrograd lors du déclenchement de la révolution Russe. Cette journée fut alors célébrée dans l’ensemble des pays de l’ancien bloc de l’Est. Avant 1921, d’autres journées avaient été célébrées, notamment aux Etats-Unis, le 28 février 1909 où le Parti socialiste d’Amérique appela à une journée nationale de la femme (National Woman’s Day) ou bien celle du 19 mars 1911 où l’Internationale socialiste célébra la première journée internationale et revendiqua le droit de vote des femmes, le droit au travail et la fin des discriminations au travail.

Le 8 mars est donc une journée de lutte pour revendiquer l’égalité. Elle permet aussi de faire un bilan sur la situation des femmes dans la société.
Et j’ai vais vous confier un truc : la situation des femmes n’est pas jojo.
Et puisque – parfois – les chiffres parlent plus que des longs discours, en voici quelques uns pour la France :

– Les femmes gagnent encore 9% de moins qu’un homme à poste égal et compétence égale.
– Ce sont elles qui subissent le plus la précarité puisqu’elles sont majoritaires dans les temps partiels : 30, 6% contre 7,2 % pour les hommes (*).
– Ce sont encore les femmes qui s’occupent majoritairement des tâches ménagères (3 h 52 par jour contre 2 h 24 pour les hommes)
– Environ 83.000 femmes de 18 à 59 ans ont déclaré avoir été victimes de viols ou tentatives de viols en 2012. En moyenne 75.000 femmes sont violées chaque année, soit plus de 200 par jour. En 2013 1.275 d’entre elles ont été violées par leur conjoint – mais beaucoup de victimes ne parlent pas et les chiffres sont inférieurs à la réalité.
– Plus de 200 000 femmes se déclarent victimes de violences conjugales – chiffre, encore une fois, bien en deçà de la réalité car il ne comptabilise pas toutes celles qui gardent le silence. En 2013, 121 femmes sont décédées à la suite de violences conjugales, soit une femme tuée tous les trois jours en France par son conjoint ou ex-conjoint – 25 hommes ont perdu la vie du fait de leur conjointe mais 17 d’entre eux étaient violents avec leur compagne – et pour 47,7 % de ces meurtres, des faits de violences antérieures étaient connus des services de police ou des unités de gendarmerie.(**)
– Selon une enquête de l’association SOS homophobie rendue publique le 5 mars(***),  59%, des lesbiennes ont vécu un acte de discrimination ou de stigmatisation sociale au cours des deux dernières années. Ces actes lesbophobes se déroulent principalement dans l’espace public (47%), au sein de la famille (14%) et au travail (11%). Selon SOS Homophobie, « les lesbiennes n’ont ni une parole, ni des gestes libres » et la France est « encore trop inégalitaire pour les personnes LGBT en général et les lesbiennes en particulier ». [On peut remercier la Manif pour Tous Personne d’avoir visibilisé et accentué une homophobie déjà bien présente dans notre société]
– Dans le contexte d’islamophobie actuel, le CCIF (Collectif contre l’Islamophobie en France) a recensé une augmentation de 70% des actes islamophobes en janvier 2015 par rapport à la même période en 2014, où plus de 80% des cas concernent des femmes (****) (ce qui est une constante car un rapport du CCIF datant de 2012 montrait que dans 87,3% des cas les actes et agressions islamophobes concernaient des femmes voilées.)

Dans le reste du monde, les inégalités et violences sont toutes aussi alarmantes. Voici quelques chiffres :
– En octobre 2014, l’Organisation mondiale de la Santé a rappelé que près de 35% des femmes et filles sont exposées à une forme de violence physique et/ou sexuelle au cours de leur vie. D’après l’ONU Femmes, dans certains pays comme l’Ouganda ou les Samoa, ce sont près de sept femmes sur dix qui ont été victimes d’abus.
– Selon une étude de l’OMS , en Australie, au Canada, en Israël, en Afrique du Sud et aux États-Unis, 40 à 70 % des femmes victimes de meurtre ont été tuées par leur partenaire.
– Selon l’ONU, les mutilations génitales concernent plus de 90% des femmes en Egypte, 96% en Guinée et 98% en Somalie.(*****)
– Les situations de conflit armés mettent aussi les femmes en première ligne. Les exemples abondent tellement, malheureusement, qu’il est impossible d’en faire une liste exhaustive.
En voici deux assez symptomatiques :
Selon un rapport de Human Rights Watch  datant de l’année dernière, plus de 500 femmes et jeunes filles ont été enlevées par Boko Haram depuis 2009. D’autres organisations font état de chiffres plus élevés. Ces otages ont souvent été violées, forcées à se marier et traitées en esclaves domestiques.
Rappelons aussi que l’armée de la République démocratique du Congo (RDC) a été accusé d’avoir violé, fin novembre-début décembre 2012, au moins 97 femmes et 33 fillettes au Nord-Kivu . Selon un rapport de l’ONU la majorité des exactions ont eu lieu à Minova sur une période de deux jours. En mai 2013, la justice militaire congolaise a acquitté la quasi-totalité des soldats accusés de ces viols massifs : seuls trois militaires, sur les trente-neuf militaires accusés, ont été condamnés pour viol.

 

Les violences faites aux femmes se sont aussi les injonctions permanentes à un éternel féminin qui n’existe pas. Les femmes sont multiples et pas seulement jeunes, minces, blanches et hétérosexuelles. Ouais, je sais, c’est fou.

Les femmes doivent aussi pouvoir disposer librement de leurs corps et les droits à la contraception et à l’avortement ne sont pas négociables. Or l’accès aujourd’hui, en France, à l’avortement est de plus en plus compromis avec les nombreuses fermetures des plannings familiaux faute de subventions publiques, la politique de santé qui fait chaque jour fermer plus de lits et le manque de médecins pratiquant l’avortement. Il faut défendre la loi mais aussi lui permettre d’être appliquée. Or les politiques d’austérité ne permettent plus l’accès à ce droit fondamental.

La journée internationale des droits des femmes n’est pas une fête. C’est une journée de combat pour lutter contre toutes ces violences, revendiquer, encore et encore, l’égalité, et lutter contre les stéréotypes de genre.
Donc, rangez vos roses, vos promotions sur le maquillage et vos blagues sexistes sur les 363 jours des hommes. Parce que ça commence sérieusement à me briser les ovaires.
Et écoutez l’hymne des femmes.
Composé en 1971 sur l’air du Chant des Marais – ou chant des déportés – cet hymne est régulièrement chanté lors des manifestations féministes :

Nous qui sommes sans passé, les femmes
Nous qui n’avons pas d’histoire
Depuis la nuit des temps, les femmes
Nous sommes le continent noir.
Refrain :
Levons-nous femmes esclaves
Et brisons nos entraves
Debout, debout, debout !
Asservies, humiliées, les femmes
Achetées, vendues, violées
Dans toutes les maisons, les femmes
Hors du monde reléguées.
Refrain
Seules dans notre malheur, les femmes
L’une de l’autre ignorée
Ils nous ont divisées, les femmes
Et de nos sœurs séparées.
Refrain
Le temps de la colère, les femmes
Notre temps, est arrivé
Connaissons notre force, les femmes
Découvrons-nous des milliers !
Refrain
Reconnaissons-nous, les femmes
Parlons-nous, regardons-nous,
Ensemble, on nous opprime, les femmes
Ensemble, Révoltons-nous !
Refrain

Version de la Compagnie Jolie Môme


(*) http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&ref_id=NATCCF03242
(**) D’après les chiffres publiés par l’Observatoire national des violences faites aux femmes en 2013
(***) l’étude basée sur des données collectées sur internet du 30 mars au 20 juillet 2013, à laquelle 7.126 femmes ont contribué.
(****) http://www.liberation.fr/societe/2015/02/11/le-ccif-pointe-une-augmentation-de-l-islamophobie-apres-les-attentats_1200305
(*****) http://www.un.org/fr/women/endviolence/situation.shtml

2 réflexions sur “8 mars : journée internationale des droits des femmes

  1. Super article ! Et je trouve l’hymne des femmes toujours aussi émouvant.

    Question : est-ce que tu as la traduction anglaise de la journée internationale des droits des femmes ? Parce que je ne trouve que International Women’s Day, aucune allusions aux droits (même dans des posts anglais féministes sur lesquels je suis tombé).

    Et où est-ce que tu as eu ce chiffre de 9% d’écart de salaire ? Parce que celui que je connais c’est 30% en moyenne et 20% à poste et compétences équivalentes.

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    • Pour le chiffre de 9% je l’ai eu sur le site de l’Observatoire des inégalités :  » A temps plein, les hommes gagnent 16 % de plus que les femmes. Tous temps de travail confondus, l’écart est de 31 % […] L’écart à poste et expérience équivalents : les femmes touchent 9 % de moins
      Si l’on tient compte des différences de statut d’emploi (cadre, employé, ouvrier), d’expérience, de qualification (niveau de diplôme) et de secteur d’activité (éducation ou finance) environ 9 % de l’écart demeure inexpliqué selon les données de l’Insee. » http://www.inegalites.fr/spip.php?article972
      L’article a été publié le 29 janvier 2013

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